mercredi 28 août 2013

Mardi 13 août 2013 ; port de Mallaig
la journée a mal commencée ; il a tellement plu cette nuit que nous avions bien étalé notre code D sur le pont pour le rincer, puisqu'il était tombé à la mer et qu'il n'aurait jamais séché s'il était resté imbibé d'eau salée. Comme ce matin le vent était réduit à presque rien nous en avons profité pour le rehisser en haut du mât ( Bernard était auparavant monté en haut pour remettre une poulie ) , le faire sécher tout en nous servant à avancer ; mais le peu de vent qu'il y avait a suffi pour regonfler la voile en un rien de temps dès qu'elle a été au dessus du pavois et malgré tous nos soins méticuleux pour que les bordures soient libres de tours, il en restait un ce qui fait que nous avons un mal de chien à la hisser et que nous y avons fait un bel accroc, heureusement à la base , au point d'amure....
Par le plus pur des hasards je suis tombée l'hiver dernier en Bretagne dans une coop maritime sur des petits rouleaux de voiles à spi autocollants de couleurs et j'en avais pris un jaune qui est la couleur du centre de la voile....mais celle-ci s'est déchirée sur le mauve, tant pis, nous avons fait au mieux pour que l'entaille n'augmente pas...
La mer était relativement agitée ce qui n'aidait pas nos mouvements bien sûr et pour finir nous avons mis le moteur car le vent n'était pas suffisant pour tenir la voile gonflée et nous voulions être à Mallaig pas trop tard pour aller à la gare chercher nos billets de train que nous avions réservés sur internet ; notre mousse a été très sage pendant tout ce temps, ce que nous avons apprécié !
Sitôt arrivés à quai, et munie de son gilet, elle est allée marcher sur la panne et se débrouillait très bien pour remonter à bord sans notre aide, la porte dans le pavois mettant le pont à la hauteur de la panne. Nous avons eu ainsi le temps de faire tout ce que nous avions à faire même de la lessive car il faisait plutôt beau et chaud.

Du mercredi 14 au mercredi 21 août
le trajet en train pour le retour était très long car nous n'avions pas la possibilité de descendre en cours de route, déjeuner et reprendre un train dans l'après-midi et nous avons dû rester à la même place pendant 5h ; ensuite il nous restait 1h à faire de Glasgow à Edimbourg dans un autre train. Pendant 5h que nous étions en vis à vis Estelle et moi, avec une table entre nous , nous avons eu comme voisins 2 messieurs dont les femmes étaient assises avec chacune leur enfant de l'autre côté de la travée et ces 2 messieurs étaient encombrants car grands et gros et mal aimables et ma petite moussaillone a fait ce qu'elle a pu pour rester tranquille et je l'en remercie. Arrivées à Edimbourg, il y avait tellement de monde dans la rueque j'ai proposer d'aller tout de suite à l'hôtel poser nos affaires et voir ensuite ; nous avions une chambre sous les combles avec un grand vélux que nous avons pu ouvrir en grand et des lits jumeaux et j'ai proposé à Estelle d'aller chercher à manger au petit supermarché dans l'avenue et de pique-niquer dans la chambre, ce qu'elle a accepté avec joie. Je crois surtout qu'elle était très fatiguée car à 9h elle se couchait ; mais au moment de faire le calin habituel, je voyais bien que cela n'allait pas et après 5mn d'interrogatoire, elle a fini par me dire en sanglotant : «  je veux retourner à bord pêcher avec papy et voir Blanchette !!!( Celle-ci étant une peluche d'un petit chien qu'elle a adorée ) Pour tout vous dire elle me faisait craquer.....et je crois aussi que c'était le plus bel hommage qu'elle pouvait nous rendre pour son séjour à bord !
Dès qu'elle a été chez elle , elle s'est précipitée sur son maillot de bain et sa piscine après s'être jetée au cou de toute la famille !
Mon séjour à la maison a été très morne, notre voiture étant en panne et tous nos amis ou absents ou pris et j'étais très contente de n'être restée que 4 jours.
Bernard pendant ce temps est retourné à Rum où il a pêché, fait des rencontres, est allé visiter le château, que nous n'avions pas pris la peine de faire avant et surtout on lui a proposer d'échouer le bateau de long de l'ancien quai du ferry (il y en a un tout neuf maintenant construit par la compagnie des ferrys « la Calédonian Mac Brayne » , compagnie qui dessert toutes les îles) pour frotter l'hélice et voir la coque, ce qu'il a fait la veille de mon retour sous la pluie battante....Il a ensuite dû partir à 6h du matin pour revenir à Mallaig le jour de mon arrivée car il avait une place de train réservée pour Fort William à 10h ; nous déjeunions là ensemble, puis nous avons fait nos courses et sommes rentrés au bateau en fin d'après-midi et pour une fois pas sous la pluie....
Une bonne surprise m'attendait car mon petit mari avait pêché un gros lieu qu'il avait cuisiné pour que je ne fasse pas de cuisine sur les 3 jours à venir et enfin il avait eu un ami Ecossais au téléphone, Angus , que nous avions rencontré l'année dernière à Stornoway pendant le festival celtique que nous avons raté cette année ; il est capitaine dans la marine marchande Ecossaise et travaille sur les cargos d'une compagnie du pays la « Fergusson » qui transporte tout et rien dans le monde entier. Là pour une fois Angus était sur un petit cargo qui transportait des sacs de nourriture pour les parcs à saumon et il rentrait dans le port à 21h30 pour charger ; çà c'était cool et nous étions à l'heure pour l'arrivée du cargo qu'Angus a rangé le long d'un quai en faisant une espèce de créneau digne d'une voiture !!! Nous ne sommes pas restés longtemps mais la visite a fait plaisir à tout le monde et bien sûr nous avons visité la passerelle comme il se doit pour des marins.....

Jeudi 22 août ; loch Ailort (au sud de Mallaig)
très beau temps chaud , un vrai plaisir ! Nous en avons profité pour bien aérer le bateau après toute cette humidité qu'il y a eu et nous mettre à jour des lessives, attaqué le bon plat préparé par Bernard et nous sommes partis... au moteur car pétole de vent …...
Nous avons décidé de retourner au loch Ailort pour 2 raisons : la première des raisons est que nous voulons aller voir ce fameux Mr Ken Bowker qui a eu la gentillesse de nous contacter via notre blog qu'il a trouvé sur google pour nous envoyer une très belle photo de notre bateau ; la deuxième raison est que nous avons trouvé des huîtres dans ce loch et si Bernard avait plongé la dernière fois pour en ramasser, nous avons des chances cette fois de les trouver à pied avec les grands marnages. Nous allons mouiller cette fois à l'opposé du loch, toujours près de l'entrée, voir si nous captons un peu mieux internet et envoyer un message à Ken qui ne répond pas au téléphone.

Vendredi 23 août ; loch Ailort
repos bien mérité ce matin et dès le déjeuner fini , nous sautons dans l'annexe pour profiter de la marée basse en allant aux huîtres : et là on a pas eu à le regretter ! Sans avoir de l'eau jusqu'en haut des bottes, on en trouve partout, tout simplement posées par terre !!! extraordinaire, les plus petites sont de la taille de ce que l'on trouve chez nous au supermarché....ce sont des plates et nous ne prenons que les grosses à ce compte-là... nous allons en manger jusqu'à notre retour en France ! Nous trouvons également 8 grosses moules de plus de 10cm de longueur, des pétoncles, quelques coques....nous retournons à bord bien chargés et bien contents de notre ramassage !!!
Nous essaierons de trouver Ken demain car en regardant sur la carte routière, il va falloir nous déplacer pour être plus près de chez lui.

Samedi 24 août ; loch Ailort
ce loch Ailort est particulièrement bien protégé des vents et de la houle du large par 3 séries de petites îles dont une juste à l'entrée réelle du loch ; depuis hier nous sommes à l'abri de ces îles juste à l'entrée et nous  allons nous remettre à l'abri derrière le deuxième groupe d'îles pour être surtout à l'abri de la houle du large. Nous sommes en face d'un hameau de maisons très dispersées et d'un château assez grand, très Ecossais, qui se trouve au bord de la mer , lui , avec une plage de gros galets en bas de son gazon. Notre mouillage bien assuré derrière des îles reliées ensemble par une chaussée naturelle faite de galets, nous avons débarqués non loin du château ; comme c'était marée basse de chez basse, il a fallu tirer notre annexe sur un très long chemin, la plage semée de gros galets était en pente très très faible. Nous étions à mi-chemin du haut de la-dite

plage quand nous avons entendu un bruit de moteur de gros engin émanent du bois près du château : nous nous sommes arrêtés pour voir venir......un tracteur comme celui de Bernard qui tractait une petite remorque avec un dinghy dessus ; le monsieur nous voit, s'arrête à notre niveau et nous demande s'il peut nous aider. Bernard qui n'ose jamais quémander quoique ce soit à personne répond en premier lieu que non, puis fini par dire que peut-être ce serait bien, à quoi le monsieur, imperturbable, à juste répondu : « je crois aussi ». Il est allé cahin-caha porter son dinghy à l'eau et il est revenu pour hisser notre annexe sur sa remorque avec l'aide de Bernard et nous l'a posée sur le sable au delà de la marée haute ! Tout çà le plus naturellement du monde comme si c'était une chose qu'il faisait tous les jours.....c'est remarquable comme attitude et génial ! Et comme tout le monde se connaît dans un pays comme celui-ci car tout le monde se côtoie plus ou moins, il nous a indiqué la route la plus simple pour aller chez Ken ! Nous sommes arrivés devant une énorme bâtisse en pierre, entièrement restaurée de façon magnifique, et sur notre gauche un petit cottage entouré d'un beau jardin ; dans le garage attenant à ce cottage il y avait un monsieur qui bricolait, nous sommes donc allés lui demander s'il connaissait Ken : il nous a regardés comme si nous venions de la lune en disant : « mais c'est moi, je suis Ken « ! et d'expliquer qui nous étions ! Pour une surprise , pour lui cela en a été une ! Il a aussitôt laissé tombé son bricolage , nous a fait rentrer dans la maison et nous a offert le thé en attendant le retour de sa femme, Jean ( prononcez jine), qui, elle, en arrivant une demie-heure plus tard, ne trouve plus son mari près de ses outils et rentre inquiète....et le trouve assis  devant des inconnus ; quand elle a su qui nous étions elle nous a donné l'accolade comme si nous l'avions  toujours connue ! Pour en avoir des questions, elle en avait à poser ! 'intérieur de leur maison est très chaleureux et leur cuisine est entièrement recouverte de bois, sol compris, peint en jaune et les meubles sont en pin non traité ni vernis ; ils ont beaucoup de goût et une très belle véranda. Ils ont également 8 petits-enfants issus de 3 enfants qui font leur plaisir à eux aussi !
Dans tout çà il ressort que nous avons été stupéfait de trouver quelqu'un qui nous a retrouvés grâce au blog et eux ont été surpris que nous ayons trouvé leur maison au milieu de ses immensités rocheuses et quelque peu isolées . Ils sont anglais d'origine, baragouinent un peu de français et sont venus s'installer en Ecosse pour leur retraite car ils adorent ce pays. Ils nous ont accompagnés jusqu'à la plage en passant par un raccourci qui passe derrière le château ( qu'ils appellent la grande maison) mais dans le parc de celui-ci, dont faisait partie sûrement leur terrain et leur maison ; il y a un gros ruisseau qui dévale de la montagne un peu plus haut et on le traverse 3 fois dans les bois : un coup c'est un pont fait de gros madriers, un coup un joli petit pont avec une arche fait avec des ardoises de toit et enfin c'est un gué avec de gros cailloux à enjamber et ils ont été mis là par la main de l'homme ; les champignons commencent à pousser ici, on a trouver 2 ou 3 petites giroles.
Demain ils viennent visiter le bateau et déjeuner avec nous.

Dimanche 25 août ; loch Ailort
rien que pour une journée aussi belle qu'aujourd'hui on ne regrette pas d'être en Ecosse ! Il a fait si beau et si chaud, qu'une fois n'étant pas coutume nous avons pu déjeuner dehors en polo et short ! Jean nous a amené des tomates et un concombre de leur jardin ainsi que des œufs frais, des petits pains maison et un excellent morceau de cake au citron. Bernard était allé pêcher ce matin et a ramené un gros maquereau et un petit lieu qui nous ont fait un excellent plat, précédé de toasts au pâté Landais. Ils sont venus avec leur zodiac, avec lequel ils vont régulièrement pêcher et nous ont emmenés sur les 2 îles derrière lesquelles nous sommes mouillés : sur la plus grande et la plus haute, se trouve les vestiges d'un mur d'enceinte de 1m d'épaisseur qui date de 2000 ans ; vous avez bien lu 2000 ans mais ce qui est surprenant dans ce mur c'est qu'il a été fait de galets et de pierres assez petits le tout tenant avec un liant fait en partie de sable qui a été vitrifié ! Il faut,  paraît-il, faire chauffer ce liant à au moins 850°C et les chercheurs n'ont toujours pas trouvé à l'heure actuelle comment ils ont pu faire çà ; cette enceinte fait au moins 30 ou 40 m de diamètre et on est incapable de nos jours de faire un feu pareil en plein air et à cette température et comme dirait Jean, ils avaient sûrement un  truc pour le faire qui s'est perdu dans la nuit des temps....il resterait aussi un peu de vestiges d'un second mur intérieur qui pourrait dire que c'était la construction d'un « broch », sorte de tour d'une quinzaine de mètres de haut, faite de 2 parois avec un espace d'un bon mètre entre les 2 (où un homme peut circuler) et qui servait de refuge en cas d'invasion, voir même d'habitation ; Bernard se souvent avoir lu quelque part qu'il y a un autre exemple de broch dont les parois sont vitrifiées. Et c'est totalement typique de l'Ecosse, on en trouve nulle part ailleurs...
De retour au bateau, eux sont partis pêcher et nous nous avons repris notre annexe pour aller faire la bulle sur une jolie plage de sable blanc : à l'abri de l'air du large il y faisait bien bon !
Comme nous revenions vers le bateau, nous avons vu un gros zodiac semi-rigide qui nous tournait autour, il accompagnait un nageur ; il nous a laissés accoster à notre bateau et s'est rapproché pour discuter : un monsieur d'une quarantaine d'année, très Scottish, avec un couvre-chef en tweed qui ressemblait autant à un bonnet un peu bouffant avec un pompon, qu'à un béret un peu volumineux mais en tout cas il avait de la classe avec çà, aussi bizarre que cela puisse paraître ; en revanche tout le restant de son accoutrement était moderne. Comme son nageur était arrivé sur l'île et qu'il ne pouvait rester à discuter il nous a invités pour  l'apéro à 19h chez lui........au château ! Et oui rien que çà ! On a fait un effort vestimentaire tout de même, pas la robe longue et le costume 3 pièces mais des chaussures convenables et non des baskets, une chemisette et un pantalon bien repassé ce qui est un minimum tout de même...
Le monsieur que nous avions vu s'appelle Angus, 45ans environ et plutôt grand et bel homme, sa femme Michelle ( de descendance française du côté de sa mère) et ils ont 4 fils qui sont tous de grands échalas très minces ; ils ont été absolument charmants, leur « maison » est restaurée avec beaucoup de goût aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur, avec beaucoup de boiseries magnifiques de grands tableaux de paysages discrètement éclairés, de grands lustres, enfin tout ce que l'on peut s'attendre à trouver dans un château. Ils y viennent l'été pendant les vacances et sinon ils louent cette belle maison et bien entendu c'est totalement hors de nos bourses.....ils étaient attendus pour dîner mais vraiment c'était un excellent moment convivial et chaleureux !

Lundi 26 août ; île de Eigg
le beau soleil est parti malheureusement et nous partons nous aussi pour nous rapprocher d'Oban ; après avoir récupéré notre nasse pleine de tourteaux, dont 3 très gros ( Bernard a appelé Ken pour leur en offrir 2 et il est descendu les leur porter...) nous prenons la route vers l'ouest où nous porte le vent. Mais finalement celui-ci tourne de trop et nous nous rabattons un peu plus au nord que prévu, bien décidés en arrivant à faire tourner le groupe pour prendre une bonne douche bien chaude.....que nous n'avons pas prise car en arrivant nous avons retrouvé un bateau ami, que nous avions vu avec Estelle aux Hébrides ; comme c'était eux qui avaient fait le geste de se déplacer la dernière fois, c'est donc nous qui avons fait des civilités ce soir. Philippa n'était pas à bord mais Chris voyageait avec son fils d'une vingtaine d'années ; je pense qu'il est autiste mais je peux me tromper, en tout cas ce doit être assez compliqué à bord. Chris parle bien le français mais pour William nous faisions de gros efforts pour parler anglais ; finalement nous avons fini à bord de Romico devant des huîtres, une bonne bouteille de vin français et du fromage basque. Chris m'a fait un beau compliment en disant que c'était la première fois qu'il voyait un documentaire aussi bien fait en regardant une de mes vidéos ! Nous avons encore bien rit ce soir, quand je vous disais que sur un bateau on a une vie sociale très dense, surtout que maintenant cela fait 3 ans que nous traînons en Ecosse et fatalement nous finissons par retrouver les mêmes bateaux ; mais il est vrai également que notre bateau est si atypique qu'il ne passe pas inaperçu …..

Mardi 27 août ; île de Coll
nous n'étions jamais venus sur ces 2 îles, Coll et Tiree, qui se trouvent à mi-chemin entre l'île de Mull et le sud des Hébrides ; il y fait, paraît-il plus de soleil que partout ailleurs en Ecosse....pas de hautes montagnes ici, mais des collines sans arbres, très ressemblantes aux îles qui se trouvent au nord-est de Skye ; comme celles-ci, elles sont toute en longueur avec juste une échancrure de la côte qui sert de port au ferry et de mouillage aux voiliers de passage. Nous, comme nous n'aimons pas la foule,parce que là il y a du monde, nous avons trouvé un espace pour mouiller entre un îlot et la terre et là on est tranquilles sans personne autour, juste les phoques...comment çà ils ne parlent pas, eux ?! Et bien si, ceux-là ne font que chanter depuis que nous sommes arrivés, et c'est même bien la première fois qu'on les entend aussi bien d'ailleurs ! Nous avons réussi à faire beaucoup de voile aujourd'hui avec toutefois un peu de moteur en plus dans une zone qui chahutait tellement à cause de la houle du large que s'en était pénible ; de plus on faisait souffrir tout le matériel, la bôme faisait des rappels brusques sur ses écoutes et on a eu peur de tout arracher. A l'entrée du loch on a vu un beau spécimen de requin pèlerin qui chassait en tournant.



Aucun commentaire: