Samedi 9 juin 2012; île de Barra,
Castle Bay
nous avons donc pris notre bus en fin
de matinée en ayant pris soin de hisser l'annexe assez haut pour la
marée et suffisamment sur le côté pour ne pas gêner les passagers
qui embarquent à cet endroit pour le château (qui se trouve sur un
îlot dans la baie); ce sont des minibus d'une vingtaine de personnes
qui circulent ici: ils font la liaison avec l'aéroport dans le nord
de l'île, les écoles et toutes ces petites choses qui sont
importantes sur une île. Pour ce qui est des horaires, c'est un peu
aléatoire malgré ce qui est écrit sur le papier....Un quart
d'heure après nous descendions le long d'une plage face à un petit
village mais avec une école tout de même ! Nous sommes à la
recherche de 3 cairns qui se trouvent à flanc de montagne et qui
sont indiqués sur les cartes de l'île; on traverse donc le village
puis très vite un chemin remplace la route, puis un sentier et pour
finir à travers la pampa en se disant que cela devrait être par-là,
vu la configuration du terrain; et puis on devine sur une butte
quelques pierres dressées qui ne sont venues là toutes seules de
toute évidence!
Çà c'était pour le premier dont il
ne reste pas grand-chose; pour les 2 autres, qui devraient être
assez proches, nous retournons vers le nord (nous étions partis face
à l'est) en continuant de crapahuter ; la vue est magnifique sur
cette côte ouest pleine de dunes et de plages; hormis les moutons il
n'y a rien sur ces montagnes, pas un arbre ni un arbuste . Le
deuxième site est en aussi piteux état que le précédent mais il
devait être énorme, vu le tas de cailloux qui reste, nous l'avons
vu grâce à cela d'ailleurs. Après avoir déjeuner affalés au
soleil, nous tergiversions pour savoir de quel côté nous
redescendions parce qu'entre la mer et nous il y a pile une autre
montagne; nous hésitions à aller vers le nord car on apercevait
quelques petits ravins quand notre regard s'est arrêté sur un
couple de personnes , 2 petits vieux qui avaient à l'aise 80 ans
chacun et qui marchaient tranquillement vers le nord; nous les avons
suivis pour nous rendre compte finalement que ce sentier-là était
balisé et évitait tous les endroits scabreux; très belle balade au
travers de nombreuses ruines de maisons car il y a eu de très
nombreux habitants sur cette île, comme sur les autres d'ailleurs.
Ces îles sont habitées depuis la Préhistoire et c'est une grande
famine en 1848 (comme en Irlande et pour la même raison: la
pourriture des pommes de terres) qui a fait fuir les gens quand ils
n'en sont pas morts; les Anglais, égaux à eux-mêmes, en ont
profité pour expulser ces pauvres gens qui n'avaient rien pour
survivre !On parle même d'une famille que le propriétaire a expulsé
sans leur laisser le temps de prendre leurs quelques affaires, leur a
intimé l'ordre d'embarquer tous sur leur barque de pêche et a mis
le feu à la maison.....
Pour finir, le bus est passé avec 10mn
d'avance, nous l'avons vu mais ne nous sommes pas précipités car on
ne pensait pas que c'était le notre.....on a donc commencé a
rentrer à pied jusqu'à un hôtel à mi-chemin où un minibus avait
l'air de repartir à vide: normalement il ne prenait pas de passagers
mais....on était bien soulagés de ne pas finir à pied !
Dimanche 10 et lundi 11 juin; Castle
Bay
ce n'est pas qu'il fasse si mauvais
temps que nous sommes toujours là, mais le vent oscille en
permanence entre 15 et 20 nds et il s'obstine à venir du
nord-est...et nous allons vers le nord-est ! Nous attendons donc
qu'il veuille bien tourner, c'est l'avantage de ne pas être pressés
!
Ce dimanche a été tristounet avec un
ciel bien gris et quelques averses; aujourd'hui lundi nous nous
penchons sur l'histoire de cette île et de cette baie en particulier
en allant au musée après avoir fait la promenade autour de la baie
où se trouve quelques explications de ruines: cette baie a vécu
pendant presque un siècle au rythme de la pêche aux harengs qui
durait 2 mois entre mai et juin; cette baie qui est assez grande est
en forme de U avec le village au fond du U et la sortie orientée au
sud, ce qui en fait un port naturel très bien protégé, d'autant
qu'au sud, en face de l'ouverture se trouve une autre île (celle de
Vatersay) qui protège elle aussi cette baie de la houle. De 1860 à
environ 1960 il y a eu ici jusqu'à 600 bateaux de pêche ( ce qui
fait dire aux gens qu'on pouvait aller à Vatersay à pied sans se
les mouiller!) et bien entendu tout ce qui se rapporte à une pêche
aussi énorme; à terre il y a eu jusqu'à 40 conserveries, qui
salaient ce poisson et le mettait en tonneaux; çà c'était réservé
aux femmes et jeunes filles (comme à Douarnenez avec les sardines et
les anchois) , qui travaillaient dehors par tous les temps, à faire
des filets de ces poissons, les saler et les mettre en tonneaux;
leurs mains étaient des plaies permanentes et à vif avec le sel
mais quand on leur a posé la question si cela avait été dur, elles
ont répondu que cela avait été les meilleures années de leur
vie!! !Et quand elles en avaient terminer là avec les harengs, elles
essayaient de se faire embaucher ailleurs pour un travail similaire !
Tout autour de la baie se trouve des restes de quai en pierres ou en
béton, pour les derniers qui ont résisté, seuls vestiges de cette
époque glorieuse ! A l'avènement du moteur, les bateaux ont
grossis, puis les chalutiers sont arrivés et la pêche industrielle
qui a achevée les bancs de poissons surpêchés et çà été la
mort de cette petite pêche qui faisait vivre cette baie. Les
quelques photos que nous avons pu voir au musée parlent
d'elles-même; mais cette petite ville de Castle Bay a pris son essor
à cette occasion et elle est restée la ville la plus importante de
l'île, avec une école, un collège, une bibliothèque, une piscine
chauffée et un hôpital ! Les pêcheurs ont émigrés au nord de
l'île à North Bay où se trouve la seule conserverie de poissons de
l'île.
Toutes les îles appartiennent à des
particuliers ou plutôt à des clans: l'île de Barra ainsi que
d'autres îles aux alentours, appartient au clan Mac Neils.
Mardi 12 juin ; île de Barra; Castle
Bay
le vent n'est pas si pire et de toute
façon ce sera comme çà jusqu'à jeudi où il devrait tourner vers
l'est, ce qui nous permettrait de remonter jusqu'à South Uist; mais
avant de remonter vers le nord nous aimerions aller faire le tour des
quelques petites îles plus au sud qui sont inhabitées maintenant
mais qui sont le repaire des oiseaux.
La journée s'annonce plutôt
ensoleillée, nous partons donc vers 11h; la mer est tout de même
bien agitée avec ce vent qui souffle depuis des jours ! Je suis
parée contre le mal de mer avec un patch de Scopoderm derrière
l'oreille et bien m'en a pris car sur la côte ouest des îles il y a
en plus la houle de l'atlantique qui croise celle du vent ! Nous
aurions bien aimé nous arrêter à Mingulay mais c'était absolument
impossible car la seule plage où on peut débarquer se trouve face à
l'est.....
l'île de Mingulay, qui est la plus
grande de ces îles du sud, a été habitée jusqu'en 1912; à propos
je vais vous raconter une histoire : comme les îles appartiennent à
un privé, il faut donc payer un loyer qui était payable une fois
par an; donc une fois par an le propriétaire envoie un receveur qui
encaisse les loyers; mais une fois (l'histoire ne donne pas de date)
quand le receveur est arrivé à Mingulay, il a trouvé tout le monde
….mort ! Pas un survivant ! Le pêcheur qui avait amené le
receveur apprends que tout le monde est mort et pris d'une frayeur
subite se sauve à toutes jambes en abandonnant le receveur sur
l'île....lequel receveur a été secouru...un an après par un autre
receveur; régulièrement il montait sur la montagne faire du feu
pour être secouru mais personne ne passait par là. Il a bien
survécu à cette vie, on peut dire austère, et le propriétaire
pour le dédommager lui a offert une terre sur cette île ! Les
raisons de la mort de tous ces gens peut avoir des origines variées
comme un empoisonnement avec des aliments ou une petite épidémie
tec..
La côte Est de ces îles est basse et
accessible par contre la côte ouest est à la verticale, creusée de
grottes et de failles, domaine de tous les oiseaux de mer que l'on
peut trouver, absolument splendide et sauvage !!!! mais nous n'avons
guère pu nous en approcher à cause du ressac.
Nous sommes revenus dans l'après-midi
à notre point de départ car il n'y avait malheureusement aucun
mouillage tranquille dans ces îles !
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