vendredi 15 juin 2012



Samedi 9 juin 2012; île de Barra, Castle Bay

nous avons donc pris notre bus en fin de matinée en ayant pris soin de hisser l'annexe assez haut pour la marée et suffisamment sur le côté pour ne pas gêner les passagers qui embarquent à cet endroit pour le château (qui se trouve sur un îlot dans la baie); ce sont des minibus d'une vingtaine de personnes qui circulent ici: ils font la liaison avec l'aéroport dans le nord de l'île, les écoles et toutes ces petites choses qui sont importantes sur une île. Pour ce qui est des horaires, c'est un peu aléatoire malgré ce qui est écrit sur le papier....Un quart d'heure après nous descendions le long d'une plage face à un petit village mais avec une école tout de même ! Nous sommes à la recherche de 3 cairns qui se trouvent à flanc de montagne et qui sont indiqués sur les cartes de l'île; on traverse donc le village puis très vite un chemin remplace la route, puis un sentier et pour finir à travers la pampa en se disant que cela devrait être par-là, vu la configuration du terrain; et puis on devine sur une butte quelques pierres dressées qui ne sont venues là toutes seules de toute évidence!

Çà c'était pour le premier dont il ne reste pas grand-chose; pour les 2 autres, qui devraient être assez proches, nous retournons vers le nord (nous étions partis face à l'est) en continuant de crapahuter ; la vue est magnifique sur cette côte ouest pleine de dunes et de plages; hormis les moutons il n'y a rien sur ces montagnes, pas un arbre ni un arbuste . Le deuxième site est en aussi piteux état que le précédent mais il devait être énorme, vu le tas de cailloux qui reste, nous l'avons vu grâce à cela d'ailleurs. Après avoir déjeuner affalés au soleil, nous tergiversions pour savoir de quel côté nous redescendions parce qu'entre la mer et nous il y a pile une autre montagne; nous hésitions à aller vers le nord car on apercevait quelques petits ravins quand notre regard s'est arrêté sur un couple de personnes , 2 petits vieux qui avaient à l'aise 80 ans chacun et qui marchaient tranquillement vers le nord; nous les avons suivis pour nous rendre compte finalement que ce sentier-là était balisé et évitait tous les endroits scabreux; très belle balade au travers de nombreuses ruines de maisons car il y a eu de très nombreux habitants sur cette île, comme sur les autres d'ailleurs. Ces îles sont habitées depuis la Préhistoire et c'est une grande famine en 1848 (comme en Irlande et pour la même raison: la pourriture des pommes de terres) qui a fait fuir les gens quand ils n'en sont pas morts; les Anglais, égaux à eux-mêmes, en ont profité pour expulser ces pauvres gens qui n'avaient rien pour survivre !On parle même d'une famille que le propriétaire a expulsé sans leur laisser le temps de prendre leurs quelques affaires, leur a intimé l'ordre d'embarquer tous sur leur barque de pêche et a mis le feu à la maison.....

Pour finir, le bus est passé avec 10mn d'avance, nous l'avons vu mais ne nous sommes pas précipités car on ne pensait pas que c'était le notre.....on a donc commencé a rentrer à pied jusqu'à un hôtel à mi-chemin où un minibus avait l'air de repartir à vide: normalement il ne prenait pas de passagers mais....on était bien soulagés de ne pas finir à pied !

Dimanche 10 et lundi 11 juin; Castle Bay

ce n'est pas qu'il fasse si mauvais temps que nous sommes toujours là, mais le vent oscille en permanence entre 15 et 20 nds et il s'obstine à venir du nord-est...et nous allons vers le nord-est ! Nous attendons donc qu'il veuille bien tourner, c'est l'avantage de ne pas être pressés !

Ce dimanche a été tristounet avec un ciel bien gris et quelques averses; aujourd'hui lundi nous nous penchons sur l'histoire de cette île et de cette baie en particulier en allant au musée après avoir fait la promenade autour de la baie où se trouve quelques explications de ruines: cette baie a vécu pendant presque un siècle au rythme de la pêche aux harengs qui durait 2 mois entre mai et juin; cette baie qui est assez grande est en forme de U avec le village au fond du U et la sortie orientée au sud, ce qui en fait un port naturel très bien protégé, d'autant qu'au sud, en face de l'ouverture se trouve une autre île (celle de Vatersay) qui protège elle aussi cette baie de la houle. De 1860 à environ 1960 il y a eu ici jusqu'à 600 bateaux de pêche ( ce qui fait dire aux gens qu'on pouvait aller à Vatersay à pied sans se les mouiller!) et bien entendu tout ce qui se rapporte à une pêche aussi énorme; à terre il y a eu jusqu'à 40 conserveries, qui salaient ce poisson et le mettait en tonneaux; çà c'était réservé aux femmes et jeunes filles (comme à Douarnenez avec les sardines et les anchois) , qui travaillaient dehors par tous les temps, à faire des filets de ces poissons, les saler et les mettre en tonneaux; leurs mains étaient des plaies permanentes et à vif avec le sel mais quand on leur a posé la question si cela avait été dur, elles ont répondu que cela avait été les meilleures années de leur vie!! !Et quand elles en avaient terminer là avec les harengs, elles essayaient de se faire embaucher ailleurs pour un travail similaire ! Tout autour de la baie se trouve des restes de quai en pierres ou en béton, pour les derniers qui ont résisté, seuls vestiges de cette époque glorieuse ! A l'avènement du moteur, les bateaux ont grossis, puis les chalutiers sont arrivés et la pêche industrielle qui a achevée les bancs de poissons surpêchés et çà été la mort de cette petite pêche qui faisait vivre cette baie. Les quelques photos que nous avons pu voir au musée parlent d'elles-même; mais cette petite ville de Castle Bay a pris son essor à cette occasion et elle est restée la ville la plus importante de l'île, avec une école, un collège, une bibliothèque, une piscine chauffée et un hôpital ! Les pêcheurs ont émigrés au nord de l'île à North Bay où se trouve la seule conserverie de poissons de l'île.

Toutes les îles appartiennent à des particuliers ou plutôt à des clans: l'île de Barra ainsi que d'autres îles aux alentours, appartient au clan Mac Neils.

Mardi 12 juin ; île de Barra; Castle Bay

le vent n'est pas si pire et de toute façon ce sera comme çà jusqu'à jeudi où il devrait tourner vers l'est, ce qui nous permettrait de remonter jusqu'à South Uist; mais avant de remonter vers le nord nous aimerions aller faire le tour des quelques petites îles plus au sud qui sont inhabitées maintenant mais qui sont le repaire des oiseaux.

La journée s'annonce plutôt ensoleillée, nous partons donc vers 11h; la mer est tout de même bien agitée avec ce vent qui souffle depuis des jours ! Je suis parée contre le mal de mer avec un patch de Scopoderm derrière l'oreille et bien m'en a pris car sur la côte ouest des îles il y a en plus la houle de l'atlantique qui croise celle du vent ! Nous aurions bien aimé nous arrêter à Mingulay mais c'était absolument impossible car la seule plage où on peut débarquer se trouve face à l'est.....

l'île de Mingulay, qui est la plus grande de ces îles du sud, a été habitée jusqu'en 1912; à propos je vais vous raconter une histoire : comme les îles appartiennent à un privé, il faut donc payer un loyer qui était payable une fois par an; donc une fois par an le propriétaire envoie un receveur qui encaisse les loyers; mais une fois (l'histoire ne donne pas de date) quand le receveur est arrivé à Mingulay, il a trouvé tout le monde ….mort ! Pas un survivant ! Le pêcheur qui avait amené le receveur apprends que tout le monde est mort et pris d'une frayeur subite se sauve à toutes jambes en abandonnant le receveur sur l'île....lequel receveur a été secouru...un an après par un autre receveur; régulièrement il montait sur la montagne faire du feu pour être secouru mais personne ne passait par là. Il a bien survécu à cette vie, on peut dire austère, et le propriétaire pour le dédommager lui a offert une terre sur cette île ! Les raisons de la mort de tous ces gens peut avoir des origines variées comme un empoisonnement avec des aliments ou une petite épidémie tec..

La côte Est de ces îles est basse et accessible par contre la côte ouest est à la verticale, creusée de grottes et de failles, domaine de tous les oiseaux de mer que l'on peut trouver, absolument splendide et sauvage !!!! mais nous n'avons guère pu nous en approcher à cause du ressac.

Nous sommes revenus dans l'après-midi à notre point de départ car il n'y avait malheureusement aucun mouillage tranquille dans ces îles !


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