vendredi 22 février 2019


Bonjour à vous tous,
mais où est donc passé Romico ?
Telle est sûrement la question que vous vous posez puisqu'il n'y a pas eu de blog l'été dernier....

Romico est sous un hangar au Portugal où on lui refait une beauté.....

Tout d'abord je vous rappelle que nous sommes descendus depuis Stornoway (au nord de l'Ecosse) jusqu'à Lisbonne (au Portugal) via la côte ouest de L'Irlande pendant l'été 2017.

Mais si longtemps au sec???? ehhh oui et je vais tout vous raconter et vous en donner un aperçu avec quelques photos.

Les travaux pour le chantier s'étaient discutés de cette façon : eux ponçaient toute la peinture (qu'à l'extérieur), ils nous retiraient les lattes du pont actuel (qui sont collées sur du contre-plaqué), on débarquait le moteur pour une révision complète et on démâtait pour rentrer dans le hangar si c'était possible....et nous on s'occupait de repeindre et de refaire le pont mais sans lattes.
Et ils essayaient de nous trouver un studio car il était hors de question de rester vivre à bord dans un hangar ; la réponse de Raphaël à cette demande était « pas de problèmes, facile »

Nous avons sorti notre Romico de l'eau le 3 septembre 2017 et il a été mis dans le parc de bateaux de « Tagus Yacht Center » à Seixal au sud de Lisbonne, parmi tous les bateaux qui hivernent là.
Ce chantier appartient à une famille dont les membres travaillent sur place avec en plus quelques employés ce qui fait au total moins de 10 personnes.
Ce chantier, un des rares encore en service dans la région, s'est tourné vers la plaisance assez récemment après des décennies de construction maritime ; ils ont aussi participé à la construction du très long (17kms) et très beau pont « Vasco de Gama » qui enjambe le Tage en amont de la ville de Lisbonne de 1995 à 98 ; à l'époque il y a eu jusqu'à 200 ouvriers qui faisaient les 3/8, c'est vous dire l'importance et la réputation qu'avait ce chantier …..
Il se trouve au fond de la lagune dite « de Seixal » (il faut le prononcer Sèchal) sur la rive sud de Tage ; on ne peut accéder au chantier qu'à marée haute bien entendu vu qu'il n'y a pratiquement pas d'eau en dehors de ça. Le marnage (la différence entre la marée haute et la marée basse) est de 3m en moyenne avec des pointes à 4m par grande marée. Il n'y peut pas y avoir de vagues à proprement dit, seulement du gros clapot si le vent vient de l'entrée de la lagune mais il y a une vie animale très importante, surtout beaucoup d'oiseaux de toute sorte.

C'est le grand-père de Raphaël( le manager actuel) qui a fondé ce chantier pour construire de gros bateaux de pêche, de ceux qui partaient à la morue ( à cette époque il y avait une quinzaine de chantiers tout autour de la lagune de Seixal où nous nous trouvons). Ce monsieur a eu 2 fils et une fille ; les garçons sont devenus « maîtres-charpentiers » et sa fille , elle, est devenue le manager de la maison , ce qui était certainement peu courant à l'époque surtout dans un pays comme le Portugal, assez macho....
L'aîné des garçons a eu 1 fils, Raphaël et l'autre 2 fils et une fille ; celle-ci est secrétaire pour le chantier et les 2 fils, Fernando et Sergio travaillent sur le chantier avec leur cousin; inutile de dire qu'ils ont tous été élevés sur le chantier où ils ont dû apprendre à piloter le Fenwick après avoir appris à marcher ! La femme de Fernando travaille aussi sur place depuis peu comme secrétaire ; elle est aussi gentille et agréable que le restant de la famille.
Tous les membres de cette famille sont on ne peut plus gentils, souriants et serviables ; le plus amusant étant le père de Raphaël, qui porte le doux nom de Sidonio, (son frère est décédé) qui a 80 ans, vient Tooooous les jours au chantier faire le manœuvre pour son fils ou ses neveux de 8h le matin à souvent 7 ou 8 h le soir.....et toujours toujours le sourire et un mot gentil ! Extraordinaire !!!
d'ailleurs si on a besoin de quelque chose sur le chantier vaut mieux le demander à Sidonio et comme il ne parle que le Portugais, je lui fais un dessin ou bien on l'emmène voir ce que nous voulons pour qu'il nous le transporte avec le Fenwick ; ils ont des grosses machines à bois dans la charpenterie qui sont verrouillées mais dont Sidonio a la clé et il suffit de le lui demander pour passer du bois à la dégauchisseuse (réduire l'épaisseur).....
Sa sœur a 82 ans et passe tous les jours et reste 1h ou 2 au bureau ; elle a le même physique que son frère, petite et les jambes arquées mais avec des yeux comme son frère ....rieurs,.malicieux et bons !
Voilà succinctement l'histoire du chantier.

À l'automne 2017 nous avons attendu en vain le devis des travaux que nous voulions qu'ils fassent : dépose du moteur pour une révision complète et ponçage entier du bateau à l'extérieur.
Le problème de Raphaël c'est qu'il promet tout ce que l'on veut mais il a du mal à s'organiser et il fait faire les choses toujours« très vite » dans l'urgence et dans la semaine.qui précède l'arrivée des propriétaires des bateaux....
Malgré nos nombreux e.mails et nos coups de téléphone pas moyen d'avoir ce devis et nous avons fini par comprendre qu'il allait falloir se déplacer ; début janvier 2018 nous avons donc pris l'avion pour Lisbonne où nous sommes restés 2 semaines avec l'intention de débarquer le moteur, démâter, chercher un appart et avoir ce devis.....

Le mécano (extérieur au chantier) a été on ne peut plus réglo : le jour dit il était là avec un de ses adjoint et 2h après il repartait avec notre moteur dans sa voiture ; 2 jours après il nous a appelés pour que Bernard vienne à son atelier voir avec lui ce qu'il avait remarqué.
Pas de grosses catastrophes, heureusement, mais tous les joints à changer et en février il nous a téléphoné pour nous signaler que le Demper était fatigué ; il l'a fait réparer avec notre accord et cela nous a coûté 500 euros....
fin février le moteur repeint est revenu sur le chantier et mis à l'abri dans un autre hangar en attendant de retourner à bord ; cela nous arrangeait comme ça parce que nous avions du travail à faire dans la cale moteur....

Et la veille de notre départ Raphaël a réalisé que l'on voulait démâter....
Ce qui a été fait ….dans l'urgence !
le grand-mât a été mis sur tréteaux sur tribord et le mât d'artimon sur bâbord ; juste pour quelques jours soi-disant car après ils devaient les mettre devant le hangar.....

Quand nous sommes revenus en mars ils étaient toujours là...

Quand à un appartement....nous en avons vu, ça oui mais les autochtones ont compris qu'avec ce nombreux tourisme sur Lisbonne il y avait matière a louer tout ce qui était aménageable et à des prix frisant l’indécence....
Et si vous ne louez pas pour une semaine alors ce sera pour 1 an....
Nous n'avions pas de solutions et nous étions inquiets comme vous pouvez vous en douter.
Nous avions notre devis et nous devions aller à la banque demander un petit prêt....

Début mars 2018 nous avons donc débarqués avec la voiture et la remorque pleine : machines, tréteaux, bois divers et variés, le compresseur et les vélos au cas où. La remorque sert comme cabanon, un coup les voiles, un coup les matelas et autres choses.......

La coque avait été sablée de la quille jusqu'au dessus de la cravate ( la cravate étant la bande de couleur juste au-dessus de la ligne de flottaison ) et il y avait du bazar partout sur le pont parce que quelqu'un était venu qui avait commencé à gratter le vernis de la cabine ; on ne l'a plus revu par la suite....mais il avait laissé toute sa merde sur le pont, sa bâche a moitié percée, sa chaise branlante (il faut bien pouvoir s’asseoir pour travailler....) et j'en passe....
Par malchance il a plu énormément tout le mois de mars et la place dans le hangar se faisait attendre ; le bateau qui y était en était sorti mais était devant pour faire des bricoles ; Le propriétaire y travaillait quand cela lui chantait : il était plutôt jeune et avait apparemment les moyens de ne pas gagner sa vie ….et de faire traîner les choses....
On ne s'est pas tourné les pouces pour autant : nous avions du travail a faire à l'intérieur comme la baille à mouillage a reprendre (cette baille étant un endroit dans la coque à l'avant du bateau fermé, et qui sert à ranger la chaîne de l'ancre) ; nous avions aussi des modifs à faire derrière notre couchette ainsi que de l'autre côté de notre cabine etc....

Le hangar ne se libérant toujours pas et comme personne ne venait travailler à bord nous avons commencé à démonter des choses et à travailler sérieusement dehors : le bout-dehors a été démonté (on remplacera les lattes du dessus par du contre-plaqué) poncé, réparé et imbibé de résine epoxy ainsi que les bossoirs.
Et nous nous sommes attaqués au pavois : côté tribord le plat-bord s'était soulevé....
nous en donc déduit qu'il y avait eu des entrées d'eau et qu'il valait mieux le démonter tout autour du bateau (y compris le banc derrière) pour tout vérifier ; de la sorte ce serait plus facile pour poncer tout l'intérieur du pavois.....
Notre vie s'est organisée à bord ; le bateau est orienté l'avant vers la lagune et cela nous donne une belle vue ainsi de l'occupation à regarder l'activité sur l'eau.
En nous déplaçant pour voir des apparts on a fini par trouver au moins 2 marchés ; ils sont bien cachés pour la plupart....et le hasard en se perdant nous en a fait trouver un autre à 10mn du chantier (en voiture). Celui-là est communal, dans un bâtiment fermé et journalier : on y trouve de tout en permanence : poissons, viandes, légumes et fruits et même du pain mais en revanche rien d'autre.
Dans une autre commune il n'y a pas de denrées alimentaires sur le marché qui est à l'air libre, dans une autre qui n'a lieu que le mercredi et qui est très petit les commerçants ne sont pas systématiquement là....

Nous avons eu peu de rapports avec les autres bateaux ; quelques uns sont habités soit par des passagers comme nous et qui ont hiverner ici tout en habitant à bord ou, comme dans tous les chantiers, les inévitables cas localement-locaux, majoritairement célibataires et qui vivent à bord de bateaux qui ne reverrons probablement jamais la mer....ceux-ci sont souvent très sympas et amusants.
Nous avions les mêmes personnes sur l'île des Embiez, au chantier à Bouguenay (Nantes) et même à la marina d'Oban (en Ecosse) sans parler des autres...

Les bateaux de passage étaient majoritairement de langue Anglaise l'hiver dernier et sont majoritairement de langue française cet hiver : Australiens, Néo-Zélandais,Danois, Suédois, Norvégiens, Brésiliens, Islandais, Hollandais et bien sûr Anglais et même un Ecossais que nous avons découvert très fortuitement :
Un dimanche soir où nous dînions dehors, nous étions en train de remarquer que le voisin de l'autre côté de l'allée restait tard ce soir-là et que ce serait bien qu'il s'en aille car nous en avions assez de sa radio qui arrosait tout le chantier tant elle était forte ( le dimanche il sortait de sa cabine un énorme haut-parleur mais fort heureusement ce n'était que le dimanche...)....et puis Bernard me dis : « tiens il y a une autre musique plus loin mais certainement très forte elle aussi pour que l'on puisse l'entendre malgré le voisin et il me semble que c'est de la cornemuse »
De la cornemuse ??? tiens tiens donc...je lui répond que le nord du Portugal est d'origine Celtique également et que la cornemuse fait probablement partie de leur bagage musicale mais je prête l'oreille attentivement et j'en déduit que cette musique est Ecossaise ; vous allez me dire qu'elle aurait pu être Irlandaise sauf que en dehors de la cornemuse ce qui prévaut chez les Irlandais c'est le violon et chez les Ecossais c'est l'accordéon et là il y avait beaucoup de celui-ci.
Au but de 5mn j'entends (le voisin étant enfin parti) un morceau que je connaissais particulièrement bien, ayant une grande discothèque de musique Ecossaise ; mais comme ce morceau est joué par un groupe localement-local Ecossais peu connu hormis en Ecosse , je propose donc à Bernard d'aller voir sur quel bateau se trouve la source de la musique ; aussitôt dit aussitôt fait et nous voilà partis (en pyjama) ....nous sommes rentrés 3h après ! En passant si on avait regarder le nom du bateau et son port d'attache on aurait su tout de suite qu'il était Ecossais !

Sa musique était si forte qu'il ne nous entendait même pas l'appeler et frapper sur sa coque ; il a un très gros bateau, selon le critère de la plaisance : 18m, il est donc très haut aussi parce qu'il a une quille très haute elle aussi et son échelle pour y monter est très instable....il a été aussi surpris que nous de nous trouver là et enchanté que des gens sur le chantier connaissent et l'Ecosse et sa musique !!!
Il vient des îles des Orcades , sa femme venait d'y repartir et il avait un gros coup de blouz....

Suite à cette soirée, nous lui avons proposé de regarder ma dernière vidéo sur l'Ecosse ;
Il a donc organisé une soirée sur son bateau avec un couple d'Anglais, dont le bateau est en face de nous ( mais ils ne cherchent pas la compagnie des autres....) et une de ses filles qui venait d'arriver ; soirée animée où ils ont beaucoup bu et ma vidéo.....
Leur a tous donné envie de retourner naviguer là-bas !!!!!
Alors çà c'est très fort ! Donner envie à un Ecossais, loin de chez lui, de retourner naviguer justement chez lui …...parce que évidemment il adore les Hébrides mais il ne les avaient jamais vues comme ça, voir même il n'en avait pas vu un quart....
Quand aux Anglais, comme souvent chez ces gens là, pour eux l'Ecosse est un pays rustre où on ne trouve rien, froid, trop venteux et j'en passe....Avant de repartir Sue nous a demandé combien de fois nous nous étions sentis en insécurité là-bas....j'ai cru mal comprendre alors je l'ai fait répéter devant Bernard et nous l'avons regardée avec un air totalement navré …..
Comme ils n'ont pas navigué les uns et les autres l'été dernier, les Anglais sont montés en voiture de chez eux dans le sud de l'Angleterre jusque chez David aux Orcades....
Quand ils sont revenus ici au chantier ils nous ont dit qu'ils n'imaginaient pas que l'Ecosse fût un aussi beau pays avec des gens aussi ouverts (et pourtant vis à vis des Anglais...) et sympas !!!
voilà pour une petite histoire de rencontre....assez drôle tout de même, vous en conviendrez !
Fin mai on a commencé à comprendre que la place dans le hangar allait se libérer ; il faut dire qu'on les a un peu tannés, comme dirait ma fille à Québec !

Nous avions refait tout le mastic autour de la ligne de flottaison et au-dessus et passé du minium sur toute la coque ; Bernard avait aussi passé la peinture bitumineuse sur la partie sous la flottaison .
Cette peinture, le minium, ne se trouve plus (normalement) en Europe à cause du plomb mais Raphaël nous avait dit qu'il en trouverait....sauf qu'il n'en n'a pas trouvé !
Mais le fournisseur de peinture pensait qu'on en trouverait en Espagne...
Nous avons donc téléphoné à nos amis Dominique et Alvaro.
Nous avons rencontré Dominique et Alvaro au nord du Portugal lors de notre descente vers Lisbonne et comme nous allions dans la même direction, c'est à dire le sud, nous nous sommes retrouvés dans de nombreux ports et grâce à eux nous avons pu visiter de nombreux sites historiques dans les terres en prenant le bus...
Dominique est Française mariée à un Portugais, Alvaro qui vient d'Algarve (au sud du Portugal) qui avait émigré en France à 18 ans ; ils ont vécu et travaillé toute leur vie professionnelle dans la région Parisienne et ont décider au moment du départ à la retraite d'Alvaro de retourner vivre en Algarve. Dom a donc arrêté de travailler un peu avant l'heure (comme moi) et ils ont fait construire une maison sur un terrain familial à Manta Rota à côté de chez la maman d'Alvaro .
Leur maison est à 2mn à pied de la plage (il y a pire comme situation!), Manta Rota se trouve près de la lagune de Faro et à une trentaine de Kms de la frontière Espagnole, d'où notre intérêt.....
Alvaro nous a trouvé la peinture et nous sommes descendus les voir 3 jours fin avril.
Moments merveilleux passés au soleil et à la première chaleur, ballades sur la plage, sur les dunes et visites sans compter bien manger et bien boire. De vraies vacances quoi !
Et qui nous ont donné du courage pour la suite....

On en avait bien besoin car on avait l'impression de ne pas avancer....

En rentrant de nos mini vacances nous avons aperçu notre ami Belge, Stéphane, que nous avions rencontré à notre arrivée au chantier en septembre ; il était là avec sa femme, que nous ne connaissions pas parce qu'il avait navigué avec un équipage de copains pour ramener son bateau depuis les Açores.
Nous avons sympathisé également avec sa femme Kathy ; avant leur retour vers le nord ils nous ont proposé très gentiment de loger sur leur bateau (entièrement vidé dans un container) au vu de nos soucis domestiques et notre entrée imminente dans le hangar....
Cela a été une très heureuse surprise pour nous et c'est bien trouvé au bon moment....
Comme quoi il ne faut jamais désespérer....
Petit à petit nous avons vidé le non-indispensable du bord dans leur coqueron arrière (un coqueron étant un coffre dans la cale, d'où le nom, accessible depuis le pont par un panneau ouvrant)
Et la veille de notre entrée dans le hangar nous avons emménagé sur « Flyer ».
Flyer est en acier, aussi vieux que notre Romico mais qui ne lui ressemble ab-so-lu-ment pas, c'est une construction amateur (par le premier propriétaire), plus long que nous mais le pauvre est en assez mauvais état car Stéphane et Katie ont du le laisser 4 ans aux Açores sans possibilités d'aller s'en occuper pour cause de maladie grave....
Je referme donc cette parenthèse pour vous relater notre entrée dans le hangar.
Ils l'avaient bien vidé et nettoyé ; nous avons apprécié car ainsi nous allions avoir assez de place pour bricoler et nous installer.....et on ne s'est pas gênés de le faire....

Cette entrée dans le hangar çà a été quelque chose et nous a pris tout un après-midi.
La veille ils nous avaient mis dans les sangles du roulève ce qui nous avait permis de faire la peinture là où il y avait les cales.
Le roulève nous a emmenés dans la cour devant le hangar où nous attendait un chariot venu tout droit de la pente de sortie des gros bateaux : là notre Romico a été bien calé sur le-dit chariot puis ils ont fixé le chariot à un gros câble en acier fixé à un palan....manuel !
Et le bateau a ainsi avancé petit à petit jusque dans le hangar mais à la vitesse de l'escargot ; pourtant ils étaient 3 et quelquefois 4 (dont Sidonio qui a 80 ans ) à appuyer sur la barre et ils ont transpiré un brin !
Ensuite le Fenwick est allé chercher nos mâts qui ont été recalés sur tréteaux sur le côté de la cour près du hangar ; ils ont ramené ainsi nos bossoirs, notre bout-dehors (démonté) et tout le bazar qui restait et que nous n'avions pas emmené nous-même.
Le lendemain ils commençaient à nous monter un échafaudage tout autour du bateau avec les planches au niveau de la ligne de flottaison.
Nous avons commencé à nous organiser un atelier avec un grand établi fait de vieilles portes posées sur de vieilles tables qui ont servies de tréteaux. Le bateau précédent avait laissé plein de bazar que nous avons repoussé au faire et à mesure vers le fond du hangar ; le gars a un peu tiqué quand il est revenu 3 jours après mais il a fait bonne figure et a fini par s'excuser d'avoir tout laissé ainsi....
La partie que nous occupons dans le hangar fait plus de la moitié du-dit hangar et nous jouxtons la charpenterie dont nous sommes séparés par un grillage sur lequel sont fixées des bâches. Le charpentier est un caractériel d'une quarantaine d'années, mal dans sa peau qui fume des joints pendant le travail et qui boit des litres de bière également avec son pote le peintre. Le tout dans un vacarme d'enfer parce que la radio ou SA musique il faut qu'elle hurle pour bien l'entendre....
Et quand le peintre travaille dehors devant le hangar il met lui aussi SA radio, différente de l'autre bien entendu et imaginez ce que cela peut devenir.....la cacophonie complète !!!!
Comme les sons montent cela devient vite intenable sur le pont du bateau ou sur les toits.
Plusieurs fois nous avons demandé qu'ils baissent leur musique....peine perdue....
Alors un jour que j'étais particulièrement excédée je suis montée aux bureaux une première fois mais Raphaël n'était pas là et quand Sergio m'a vue arriver comme çà, remontée à bloc, il s'est dépêché d'aller calmer les choses....on peut lire en moi comme dans un livre ouvert alors....
mais cela n'a duré que quelques jours....visiblement la direction n'avait pas trop envie de s'en mêler.
Mais il a bien fallu qu'ils s'en mêlent parce qu'un jour j'ai pété les plombs ….
Raphaël qui était à proximité c'est précipité en m'entendant crier ainsi que son charpentier ( le tout en anglais) et il l'a emmené plus loin pour s'expliquer avec lui....ce type n'a aucun respect pour le clients ni pour personne d'ailleurs !
Tout est rentré dans l'ordre après cela, enfin !

Bernard a passé un temps fou à démonter les vitres et surtout les tours extérieurs de ces vitres ; le sica utilisé pour l'étanchéité était devenu franchement poreux et plus trop étanche mais il était très amoureux du bois des cabines !!!
Pour ma part j'ai poncé tout ce que nous avions démonté et il y en a : les taquets, qui sont gros, les morceaux de pavois démontés, les fameux tours des vitrages...et j'en passe.

A la mi-juin nous sommes retournés chez nous en France pour un mariage et des rendez-vous médicaux pour moi ; cela nous a fait des vacances, encore que nous avons jardiné comme des fous pendants ces 2 semaines. Toute l'Espagne que nous avons traversée était en fleurs avec des champs entiers de coquelicots ! Que c'était beau !!! Toute la bande centrale de l'autoroute (gratuit) était fleuri soit avec du laurier rose soit avec du genêt en fleur....ce voyage en remontant nous a enchanté par ses couleurs !
Avant de partir, Raphaël est venu nous voir en nous assurant que le charpentier et un autre allaient venir bosser à bord pour poncer la coque ; on s'est récrié !
Pas la coque en premier, en dernier la coque : les toits d'abord, puis les côtés des cabines, le pont à retirer les lattes et en dernier la coque, la peinture existante protégeant de la chaleur qui arrivait. Il nous dit ok ok et nous sommes partis....
Et quand nous sommes revenus.....
Tout était commencé , coque comprise et rien n'était fini !!!!
le meulage sur les toits était un vrai massacre : le gars avait tenu sa meuleuse en biais et il avait réussi à entamer le contre-plaqué en mangeant le tissu de verre qui le protégeait !
Le pire était la ligne de flottaison que nous avions soigneusement mastiquée jusqu'à la limite de la fameuse cravate ce qui nous permettait d'avoir une ligne bien droite et égale sans bosses ni creux, et bien ils l'avaient soigneusement poncée !
Rien n'avait été nettoyé, il y avait de la poussière et des petites plaques de vernis partout et des outils et des machines dans tous les coins !
Nous étions atterrés !
On a retroussé nos manches, on a nettoyé leurs merdes, déposé leur matériel et on continué nous-même le reste hormis un autre gars qui est venu finir la coque sous notre haute surveillance. Mais Parreda ne travaille pas trop mal et il a écouté nos conseils....Il ne parle que le Portugais mais avec les mains et des termes choisis on se comprend et il est sympa ; il ne boit pas ni ne fume et arrive à l'heure sans faire de poses toutes les 5mn.....
Nous avons fait venir Raphaël pour lui montrer les toits et nous lui avons signifier que désormais nous continuerions nous-même tout le ponçage sauf à travailler avec Parreda sous nos ordres.
Et le charpentier pour refaire le pont .
Mais celui-ci n'avait pas envie de venir à bord surtout avec moi à bord et il a tellement laissé traîner les choses qu'au mois d'août nous avons décidé de le faire nous-même....
Vous commencer à comprendre pourquoi nos travaux sont si longs !
Nous avons mis des semaines à remastiquer nos toits et il faisait très chaud sur les toits : + 5°C par rapport au sol....Pour le pont finalement cela n'a pas été si long ni si compliqué à part de beaucoup monter et descendre pour peaufiner les gabarits.
Notre nouveau pont est en contre-plaqué avec un tissu de verre dessus et sera peint avec des micros-billes dans la peinture pour l'anti-dérapant.
Au mois d'août il a commencer à faire vraiment très chaud : 35°C tous les jours et pendant 3 jours c'est monté à 45 ; inutile de dire que nous avons freiné un grand coup ; on arrivait péniblement à travailler de 6h30 à 10h mais ensuite c'était impossible !
J'ai dormi dehors sur le pont 5 nuit : un matelas, une moustiquaire et des bouchons d'oreilles (les Portugais sont aussi bruyants que les Espagnols c'est pas peu dire ) et c'était mieux que dedans où il n'y avait pas d'air ; Bernard, quand à lui, a été entraîné dans les sous-marins a dormir par n'importe quelles conditions....
Pour le coup notre résine prenait vite, il fallait la faire par petites doses et pourtant nous avions un durcisseur extra lent pour pays tropicaux....
Nous sommes allés à la plage, non sur la plage de la lagune ou au bord du Tage mais à l'océan en emmenant un autre couple de français de passage ; c'était folklorique avec eux y compris pour faire des courses mais cela serait encore une autre histoire....
Vers le 20 août nous n'avions pratiquement plus de résine nous avons donc appelé notre ami et fournisseur René : mais au mois d'août en France tout est fermé il nous fallait attendre le 1 septembre. Bernard a regardé sur internet pour un revendeur ici sur Lisbonne mais ici c'est comme en France ; rien ne fonctionne en août !
Notre commande en France est partie le 2 septembre et aurait due arriver vers le 9 vu que ce sont des produits dangereux mais voilà...
Le colis a été bloqué un moment en Espagne, puis le transporteur n'a pas réussi à nous joindre soi-disant....Et si Bernard ne téléphonait pas en France (eux savaient que le colis était bloqué) celui-ci serait reparti !
Le colis en question était tout de même une petite palette ! Qui a fini par arriver 1 mois après que nous ayons lancer notre SOS....Vous savez quoi ? TOUT le monde s'en Fout!!De tout....

On était très fatigués et nous faisions 8 à 10h par jour ; on arrosait le bateau tous les jours, ainsi il se s'est pas trop ouvert....
Nous avons apporté beaucoup d'améliorations sur plusieurs choses comme par exemple : au pied du grand-mât nous avons 3 poulies qui servent aux prises-de-ris (pour réduire la voile) mais comme on tire très fort sur celles-ci parce qu'en général il y a beaucoup de vent quand nous nous en servons, cela a permis une entrée d'eau dans le toit de notre cabine par les vis ; nous avons donc prévu et fait des cales assez larges sous ces poulies pour éviter de les visser directement dans le toit et répartir l'effort. Mais c'était délicat à faire et long parce que autour du mât il y a un calage (que nous avons dû refaire également)qui, lui, doit pouvoir se démonter s'il y a de nouveau des fuites....
Nos 2 coffres avant autour du guindeau électrique (qui nous sert à remonter l'ancre) avaient été fait très rapidement il y a 11 ans et pas assez grands (ce genre de choses n'est jamais assez grand...); nous les avons donc améliorés et agrandis avec des morceaux fixes et d'autres non et surtout des angles en bois massif pour éviter que le contre-plaqué ne se dé-lamine à la longue.....
Sous le pavois ainsi que sous les mains courantes de notre cabines on ne pouvait pas passer un rouleau pour peindre entre lui et le pont ou le toit pour les mains courantes, on a donc couper le bas du pavois et fait des joints-congés autour de chaque jambette : il y en a 66 au total ! Çà c'est mon domaine : j'ai fait des kms de joints-congés en résine !!! Les mains courantes nous les avons rasées pour les refaire plus hautes....
Toujours sur notre cabine, nous avons du bois qui avait pourri (ce sont des endroits que nous n'avions pas changé) autour des 4 hublots qui ont une forme bizarre ; il a fallu découper les parties abîmées et les remplacées et surtout les ajustées....
Nous avons acheté un plateau d’acajou pour pouvoir agrandir un peu notre banc arrière car sous celui-ci il y a nos ancres de rechange, le jerrican d'essence de l'annexe et plein d'amarres.....et ça c'est toujours trop petit....nous l'avions déjà agrandi mais la réparation n'était pas très bien faite ; cette fois elle est vraiment très bien faite, on est contents . Heureusement il y a des choses positives ...Sidonio qui était « maître charpentier » venait plusieurs fois par jour pour me voir travailler avec la défonceuse et faire des découpes dans l’acajou pour faire ensuite des collages à mi-bois.
Nous avons pris1 journée toutes les 2 semaines pour aller nous baigner à la plage ou dans une jolie crique que nous avons dénichée un peu au sud ; en septembre un couple d'amis du Midi de la France est venu nous retrouver et nous avons fait un peu de tourisme, ce qui nous a fait le plus grand bien....
En septembre aussi les bateaux ont commencer à arriver pour hiverner et nous avons fait de belles rencontres intéressantes ; il faut dire qu'à chaque fois que nous avons vu un pavillon français nous sommes allés nous présenter sans parler des Suisses et des Québécois....

Il y a une coutume, dont je ne vous ai pas encore parlé, ici dans certains ports du Portugal : il y a près de la capitainerie un barbecue à la disposition des bateaux mais mieux encore, un gars du port ou tout simplement un bateau peut organiser un barbecue ouvert à tout le monde !
Pour l'organiser il suffit d'accrocher un papier avec le jour et l'heure (c'est souvent pour le soir) sur la porte des toilettes des femmes et de celle des hommes parce que tout le monde passe par là à un moment ou un autre ; c'est comme cela que nous avons rencontré nos amis Alvaro et Dominique.
Ici au chantier il n'y a pas de capitainerie à proprement parlé et c'est un Belge qui vit sur son bateau (à l'eau) qui les organisent ; il y en a 1 au moins chaque mois mais quelquefois plus, en fonction du monde présent sur place.
Vous apportez de quoi manger , boire et griller bien sûr pour vous et éventuellement plus pour partager et ce sont des moments extrêmement plaisants qui permettent de belles rencontres ; les langages usuels utilisés sont d'abord l'anglais puis le français.
Quelquefois on ne parle que l'anglais, quelquefois que le français mais çà c'est assez rare et c'est souvent mixte ; on commence vers 17h et cela peut traîner jusqu'à 22h s'il y a de l’ambiance.
On est souvent rien qu'une dizaine mais en septembre on a été jusqu'à plus de 20 ; la moitié parlait anglais dans un coin et l'autre moitié parlait français de l'autre côté mais ce qui est sûr c'est que tout le monde a bu aux mêmes bouteilles et généreusement ! Et le monde a été refait une paire de fois aussi bien côté anglais que côté français …..il n'y a que les moustiques qui n'ont rien compris à nos insultes et qui se sont gavés eux aussi sur note peau !!!!

Début octobre nous étions si fatigués, on fait 8 à 10h par jour par 30°C, que nous sommes redescendus en Algarve chez nos amis qui étaient ravis de nous retrouver ; baignades, marches sur la plage, bonne nourriture et surtout ne penser à rien....

Mais revenons en à nos travaux ; le long du pavois il y avait un paquet de niches à moisissures auquel nous avons remédié mais tout cela est long à faire parce que ce sont des petites choses et que ces petites choses étaient nombreuses....
Au printemps dernier nous avions récupérer sur un petit terre-plein au croisement de 2 petites rues près du chantier et qui sert de vide-grenier aux gens du secteur, tous les éléments d'une grande armoire 3 portes en joli bois clair et bon contre-plaqué ; nous avons pratiquement tout utilisé !
Notre coffre à bouteilles de gaz a eu droit également à des améliorations et une peinture neuve....

Et certainement que j'en oublie des « petites choses » que nous avons reprises et améliorées....

Tout début novembre nous sommes enfin rentrés à la maison, très fatigués.
Nous avons fait notre cure thermale et nous sommes repartis au bateau le 5 décembre ; quitte à être seuls pour les fêtes autant retourner faire avancer les choses à bord n'est-ce pas ?
Nous avions prévu de ne rentrer à la maison que fin janvier mais nous sommes rentrés le 15 car il était difficile de travailler : trop froid pour faire de la peinture et pas agréable avec 7 ou 8°C dans le hangar pour poncer. On ne pouvait rien faire avant 10h le matin et le soir à 17h il fallait s'arrêter car les températures redescendaient vite ….en cette saison le soleil ne chauffe pas assez le toit du hangar ; c'était du travail à mi-temps et ce n'était pas très motivant alors qu'il y avait du bois à faire à la maison....
Sans compter qu'aller prendre la douche dans la bâtiment des bureaux non chauffé....

La mauvaise nouvelle de ce début d'année c'est que notre jolie petite annexe en bois est foutue....
on en parlait depuis un moment d'en changer mais nous avons fait tellement de choses avec celle-ci que cela nous faisait peine de l'abandonner.
Nous l'avions au cours du temps beaucoup améliorée et souvent réparée mais cette fois les dégâts sont importants et il faudrait changer tellement de bois que cela ne vaut pas le coup ; de plus rustine sur rustine, ce n'est pas terrible....
Avant de rentrer Bernard a passé ses soirées sur les sites internet pour en trouver une autre...
soit elles étaient très bien mais très chères soit on en avait pour pas très cher mais c'était sans compter les vices cachés sur les photos...Il y avait toujours 2 ou 3h de route à faire pour aller voir...
Difficile dans ces conditions. En rentrant nous avons mis à cette recherche quelques uns de nos amis surtout en Bretagne où tout un chacun a besoin d'une annexe, plus qu'en Méditerranée .
C'est notre amie Flo qui nous a trouvé quelque chose de sympa mais à construire...
Un autre ami, Jean-Phi, a en dépôt dans son jardin une jolie annexe en contre-plaqué qui est en 2 parties, ce qui permet de prendre moins de place sur le pont ; nous elle est suspendue derrière mais pour l'hivernage où nous la retournons sur le toit, elle prendrait beaucoup moins de place et elle fait juste la taille de l'ancienne. Ma première réaction a été de dire qu'il était hors de question de construire une annexe.....
Jean-Phi nous a envoyé des photos supplémentaires et beaucoup de mesures en fonction de quoi j'ai refait un plan à échelle réduite puis une première maquette (avant d'être marin j'étais dessinatrice et maquettiste ) à la suite de quoi j'ai agrandi mes plans et refait une maquette plus grande.
Nous sommes contents du résultat quoique nous ayons un peu modifié le plan d'origine...
Notre annexe doit être solide car nous ne nous contentons pas de descendre à terre de temps en temps avec du beau temps mais nous faisons aussi de longues randonnées et nous la tirons souvent ( nous avons des roues) sur des galets quand ce n'est pas sur des cailloux.Bernard va pêcher avec et le stationnement le long de quais ou de pentes de mise à l'eau est souvent malsain pour le bordage en bois fin....
Finalement c'est une bonne solution que de la construire, on sera sûr de ce que nous avons fait au moins....
Mais nous la voulons plus solide et plus sûre que la précédente alors nous allons recouvrir le contre-plaqué de la nouvelle de tissu de verre imprégné de résine époxy des 2 côtés et rendre une partie des coffres parfaitement étanches pour si on chavire, ce qui n'était pas le cas avant ; on peut y mettre un mât pour faire de la voile tout comme l'ancienne.
Là je viens de faire tous les gabarits dans mon atelier à la maison et « ya plus qua. »....
Et voilà une autre chose à faire en plus.....
Notre prochaine navigation cet été va être courte car nous devons être impérativement rentrés à la maison fin juin pour 1 mois pour cause d'opération.....
Nous repartons à Lisbonne le 26 février prochain ; on devrait pouvoir travailler convenablement maintenant, les jours ont bien rallongés et il fait plus chaud.
Et je vais essayer de tenir ce blog ouvert en vous racontant l'avancée de nos peintures et les aléas de la construction de notre nouvelle annexe.....